I
Tu m’as créée pour un amour démesuré. Pourquoi mon âme demeure-t-elle dans un corps si fragile ? Obscure et douloureuse cette passion d’inquiétude et démentielle l’exaltation dans laquelle elle me maintient.
II
Tu as fui sous ce ciel tellement clair que je ne sais toujours pas s’il était le premier ou le dernier du monde. Tu n’as pas eu le courage de regarder l’appel de mes yeux. Tu t’étais tourné vers le chemin que tu avais déjà choisi et qui t’éloignait de moi à jamais. Je suis restée seule et immobile sous le soleil, cherchant à capturer la trace de ton ombre et j’ai murmuré dans ta langue les mots de soumission.
III
Pourquoi me l’avais-Tu donné si c’était pour me le reprendre ? Crois-tu que j’aie la force des lionnes pour supporter cette déchirure ? Quel plaisir prends-Tu à me voir à genoux murmurant une prière que tu ne parais pas entendre et pleurant de souffrance ? Je ne comprends pas et tu le sais. Je ne sais pourquoi mes pieds si légers s’échardent dans ce chemin, pourquoi, peuplée de tant de personnages, je suis seule à hurler des mots de sable.
IV
Je suis revenue dans la demeure de l’Aimé. Comme dévastée par une horde sauvage. J’ai lavé les draps de l’amour tachés du sang des vierges que je lui avais offertes. Leurs cris d’angoisses, leurs sueurs de plaisirs me revenaient au bord des yeux, au bord des lèvres, au bord du coeur. Drapeaux blancs de mes redditions claquant dans le soleil, ils m’apportaient l’appel du vent du désert.
V
Mon Dieu, je n’étais guère au monde avant de le connaître mais depuis qu’il s’est éloigné de mon corps, il me semble être devenue irréelle. Des gestes mais dont le sens m’est étranger. Mon coeur un poids lourd et sombre que je traîne misère. Je suis restée en lui - l’Absent - comme je suis en Toi. Que veux-tu donc de moi ? Je suis à la fois stérile et en état de viduité.
VI
Tu es parti vers une part de toi-même en ignorant que ta vérité n’existait qu’entre mes mains. Sans vouloir croire que j’étais ta vie et que ma mort serait ta mutilation éternelle. Tu connaîtras la douleur de l’Arraché, tu goûteras le sel amer des lèvres désertées, tu sentiras mon absence dans tous les corps que tu voudras aimer. Tu me rechercheras mais seul le tambour des sables te parlera encore de moi.
VII
Contre toute raison, j’attendrai. En errant sur les pistes marquées des signes mystérieux des solitaires. Je pars à l’heure où la première prière déchire le ciel et foudroie l’onirique péché de la chair. S’éloigne pour moi la terre que borde l’écume où se croisent les voiles prometteuses de l’oubli du large. J’ai préféré l’immensité du sable à celui du sel. Je n’ai d’autre boussole que mon propre mirage.
VIII
Je jure de ne revenir en ces lieux qu’au bras du Bien-aimé. Comme est long l’écartèlement. J’avance dans ma seule ombre, dans mon seul bruit. Pourquoi n’ai-je point aimé quelqu’un d’aussi fou que moi ? Pourquoi dois-je être tout ensemble Majdhûb et Layla ? Comme lui, je la cherche partout mais la folie me guette puisque je suis aussi Layla.
IX
O mon obsession de nuit lunaire, je suis au repos ce soir dans une oasis remplie de fleurs. Les yeux clos, je revois les bouquets de roses et de chèvrefeuille du pays de la montagne où je t’ai rencontré, les bouquets de jasmin au coucher du soleil… Tant de fleurs sur nos chemins… Mais ici, le vent est lourd, orageux, chargé de mouches. J’attends que passent le temps et la route qui m’emporteront au pays de ton corps quand le roi de coeur y sera revenu. O ma nécessité, me donneras-tu encore ce qui me manque ? Ton amour, ta présence, tes aubes souriantes et surtout la chaleur de ta peau qui seule pourrait me rassurer contre la mort ?
X
J’avance au rythme lent de mon équipage et parle seule dans le vent et la soif. Parfois, je me prends à sourire en me disant que finalement mon Bien-aimé, tu n’es qu’une affaire entre Dieu et moi. Homme libre, savais-tu que tu n’étais qu’objet de palabre mystique ?
XI
Amour de nuit, mélandre qui colle à ma peau nue enveloppée dans ma gandourah, tu m’as volé mon rire et mon sommeil. Et c’est moi qui suis crispée comme un malfaiteur. Qui me cherche dans cet enfer ? A quel dieu ai-je inspiré tant de colère ? Pour apaiser mon angoisse j’égrène mon chapelet de santal. Je crois que je deviens doucement folle mais je prie pour toi plutôt que pour moi.
XII
Pourquoi m’avoir fait la route aussi dure ? Le vent de sable me brûle les yeux jusqu’au sang et trouble mes oreilles. Pour quel miroir cherches-Tu à donner à mon corps la dureté diamantine ? Il se peut que Tu te trompes sur sa résistance. Je faiblis. Une dune cache l’autre. Dansent dans leur éclat mes fantasmes ou mes souvenirs, je ne sais plus. Mon corps s’effraie devant l’épreuve de l’ordalie.
XIII
Oasis. L’eau fraîche des bassins qui calme mes brûlures. L’accueil du lait et des dattes et le sable ombré doux à mes pieds dans les venelles. Vallée de l’oued. Une nuit du sud presque dure à force de beauté. Sur une terrasse amie, je bois doucement le thé à la menthe pendant qu’une flûte se plaint de ma douleur.
XIV
Des milliers de lieues étirent ma vie suspendue à la tienne ô Bien-aimé. Momentanément immobile, j’attends dans la prière un geste ou un appel afin que cesse le supplice de l’écartelée. Je croyais cette terre à la mesure de mon âme, comme un don de Dieu. Pourquoi m’oblige-t-il à m’écarter des refuges qu’il me fait entrevoir ?
XV
Ta peau, terre d’oubli. Forêt de tes cheveux bleutés. Je connais par coeur les sentiers de tes veines et puis faire des arrêts là où elles s’agitent plus qu’ailleurs… le bruit de ton sang… Je connais la courbure tendre de ton sein, la largeur précise de tes reins, le creux aux baisers, le grain de ta fesse, les tendons de tes pieds. Et le puits où étancher mes soifs. O pierre levée, autel de mon adoration, pourfendeuse d’espaces. Pas un coin de cette terre où ne poussent mes immortelles, où ne paissent mes chimères.
XVI
Petite fille que je croise d’un sourire, sais-tu qu’un jour le haïk ne laissera plus visible de toi qu’un coin d’oeil, et que pour tout le monde, excepté celui qui t’aura choisie comme un fruit, tu cesseras d’exister ? Moi, si visible dans le miroir de tes yeux, je n’existe pas… Seul le Bien-aimé m’anime. J’ai besoin de lui sans cesse pour ne pas être semblable à toi, enfant d’un long silence. S’il me manque, je ne sais où porter mes pas et mes larmes.
XVII
L’aube est arrivée sans que j’aie rencontré le sommeil et j’ai vu basculer toutes les étoiles du ciel. J’ai croisé l’heure imminente mais la lune ne s’est pas fendue.
XVIII
Je t’aime. T’aimant, je me perds en toi. Je t’aime et ne veux pas me lasser de te le dire, de te l’inventer, de te le caresser, d’en faire un feu de douceur ou de douleur sur lequel nous brûlerons ensemble. Je t’appartiens, ô Maître… Comment les gens qui me croisent ne voient-ils pas que ta peau manque à ma peau, ton sourire à mon sourire, ta main à ma main et que tout mon être est tendu vers toi, l’Absent ? Je suis l’écorchée de ta vie.
XIX
O Seigneur, que les gestes répondent au coeur enfin, dans une création continue de l’Amour, dans la lumière foudroyante de l’Absolu. Je sais sa zone d’ombre épaisse et noire. Je marche sur la ligne qui les sépare depuis si longtemps comme un funambule manichéen. Y avait-il un bien ? Y avait-il un mal? L’homme a-t-il sa volonté ? Ce matin, je veux danser dans la lumière pour écraser mon ombre, comme les fous.
XX
C’est l’heure où tous les oiseaux chantent, l’heure où tu me dirais bon jour comme toi seul sais le faire. Je voudrais, de tes cheveux décoiffés où se perdaient mes mains et mes lèvres, jusqu’au dessous de tes pieds qui eurent la folie de te mettre sur mon chemin, je voudrais - ô tellement ! - parsemer l’étendue de ton corps de baisers et déposer sur ta peau l’offrande des fleurs et des oiseaux de l’aube. J’attends, ô Bien-aimé, le matin clair où je te retrouverai contre mon coeur.
XXI
Symbole de mes pères, tu contenais à toi seul tout ce qui berça mes ancêtres, tout ce que je croyais perdu dans le temps. Le soleil, les oliviers, la mer, le sable, les voiles latines, le figuier des barbaries, la fraîcheur des puits et cette inaltérable soif d’amour qui les fit se reproduire pour qu’un jour je te rencontre, pour qu’un jour je dépose mes armes de conquérante devant toi… Au fond de toi je me suis perdue. Au fond de toi j’ai retrouvé le Créateur.
XXII
Toutes les recherches de ma vie tendent vers une synthèse dont tu es l’Unité. J’ai besoin de toi pour vivre, je respire avec ta poitrine, je bois avec ta bouche, je caresse avec tes mains, j’aime avec les battements de ton coeur. Garde-moi dans ton ombre ô Bien-aimé. Abandonne-toi à ma folie comme je m’y abandonne.
XXIII
O Bien-aimé, chaque jour perd un peu de réalité. Tout ce qui m’entoure me parait étrange et superflu. Je ne vois que toi, n’attends que toi, j’ai tout axé sur toi. Ton sang court dans mes veines. Je suis en syngamie avec toi, ô mon Absence. Je ne vis que parce que tu vis. Si tu me rejettes, je mourrais mais tu perdras ton sang par ma blessure et nul ici-bas ne pourra te sauver.
XXIV
Parfois, je te rêve attaché pour mieux assouvir mon besoin de t’aimer. Je commence par lécher toute la surface de ta peau mise à nu, je te caresse jusqu’à te faire hurler de désir puis, tranquillement, morceau par morceau, je te dévore doucement le coeur.
XXV
Je vis dans un monde dont l’horizon serait ma chute. Pourquoi bouger ? Mon temps est devenu immobile. Je ressens le mal des ardents quand je tente de trouver des points de rencontre avec les autres. Toi tu es de ce monde et de tout temps puisque tu ne peux en partir sans faire une large plaie. Ai-je vécu sans toi ? Non, je viens de naître, je n’ai même pas de nom sauf celui d’Unique que tu me donnes et je ne sais plus rien dire sauf psalmodier : je t’aime je t’aime je t’aime…
XXVI
Plus je t’aime, plus je m’enfonce en moi-même, plus grand devient mon désir de me perdre. Je t’aime. Je t’aime comme on entre en religion, de toute mon âme. Je suis tienne et tu es mon maître, ô Mulaya. Que ne te donnes-tu à cet amour comme je m’y adonne afin que nous connaissions l’embrasement total qui nous détruirait pour que nous renaissions enfin à la vie ?
XXVII
Mon amour, mon dernier jour, ma dernière foi, dois-je t’enfouir au fond de ma déraison, dans l’immobilité d’une prière que je voudrais éternelle ? Dois-je t’attendre les yeux fixés sur un cadran lunaire ? Etant si peu à la vie, je vais finir par perdre conscience de ton absence si elle se prolonge.
XXVIII
Sur ma peau, je traque ton odeur et je sens sous mes doigts les formes de ta vie. Ta bouche est la mienne, ta salive est pour ma soif. Parviendrai-je à traverser ce désert ? Autour de moi il n’y a qu’absence et silence, hormis mon coeur fou qui gronde.
XXIX
Mon Aimé… J’aimerais ce nom plus possessif encore. Mais il n’est que la projection de l’amour qui est en moi qui ne m’appartient pas. O mes sorcières-mères, aidez-moi à lui faire croire que nous sommes liés comme la chaîne et la trame, comme la ligne d’une vie au destin d’un enfant qui vient au monde.
XXX
J’ai posé tout le poids de ma liberté, tout le sens de ma vie sur cet amour. Tu peux, d’un arbitraire, me faire voler en éclats… O ma terre promise qui fait faux bond à la lune, dans quel futur m’ouvriras-tu les bras ? Ta peau d’or était toute ma richesse. Désespérément, je tente d’immobiliser ce temps sans lumière.
XXXI
Je ne sais plus où je suis, jours et nuits sans sommeil. Nue dans le soleil et sous la lune, je me baigne dans leurs flaques et crains le froid de l’ombre. Je suis comme une pierre, une rose des sables, en attente d’étreinte, porteuse d’éternité, ses durs pétales éclatés comme mes doigts tendus vers le ciel silencieux de ton absence.
XXXII
Ce geste si simple que tous les hommes font, marcher, pourquoi m’est-il devenu si lourd, si difficile, si compliqué ? Si tu n’es pas au bout de mon chemin, planté droit dans la lumière de mon espérance et de ma foi vivante, si tu n’es pas mon but, pourquoi continuerais-je à avancer ?
XXXIII
Tu étais l’incarnation de ma silencieuse mémoire de Dieu, ma création du monde, mon premier matin et la joie de ma nuit. Ma vie, c’était ton souffle. Le souffle de ton âme que tu ne connais pas.
XXXIV
Je suis l’Errante, la Sans-Terre, immobilisée çà et là dans des prières qui coupent mon exode. Pour avoir partagé les joies oublieuses des lotophages, j’ai perdu le goût d’autres conquêtes et la curiosité de fruits nouveaux.
XXXV
Si tu devais me faire mourir, que ne l’as-tu fait de tes mains que j’aimais tant ? Même si elles m’avaient étranglée, je les eus trouvées douces, plus douces que cette immense blessure qui n’en finit pas de saigner. Pourquoi t’ai-je rencontré, ô Mulaya, pour vivre ou pour mourir ? Sur ta peau que mes caresses tentaient de lire, sur ce parchemin de nuit, j’ai laissé Dieu écrire mon destin d’Immolée.
XXXVI
Ma fin… Elle n’était pas là où je la croyais, sur les routes des rêves avortés, des puits à sec, des fièvres sans objet… Sexe et prière, symboles de mes excès d’amour. O temple de mon coeur, éclatant d’amour divin, jusqu’à ma fin je te prierai, dût ton excessive lumière me rendre aveugle avant de me consumer.
XXXVII
Je voudrais aimer moins. Je ne peux. Mes pas, qui ne conduisent qu’au désert du désert, martèlent doucement dans le sable les syllabes de ton nom. Envoûtée d’obsession, je sens me guetter la mort des derviches tourneurs.
XXXVIII
Parviendrai-je à t’oublier ? Oublie-t-on une épée scellée dans sa chair, oublie-t-on qui vous a crucifiée ? Ni ma peau, ni mon odeur ne sont miennes. Malgré tant de pleines lunes dans des lits d’épines noires, j’ai gardé le reflet de ta couleur, mes pores exhalent ton parfum, mes sueurs ont le goût de tes peines et mes yeux t’ont à jamais emprisonné. Au fond des puits, c’est toi que je vois quand je me penche. Tous mes sens t’ont retenu. Tu ne seras plus jamais libre si je ne me libère de toi. Tu es à moi sur cette terre. Je n’aurai de repos éternel qu’en fusion avec toi.
XXXIX
Je ne vois plus mon reflet sur le sable. Je me suis perdue en toi jusqu’à l’oubli. N’étant plus rien et ne pouvant devenir toi sans te perdre, je suis l’ombre de ton ombre, fragile état que le vent pousse de plus en plus loin des hommes. J’ai perdu jusqu’au souvenir du corps solide de notre réalité. Suis-je devenue - et seulement - le négatif d’un rêve ?
XL
Vivre : être toi plus que toi-même.
XLI
Mais je ne sais plus vers qui tendre mes mains, devant qui me mettre à genoux. Je n’ai pas supplié. J’ai adoré. Mon cri est sans écho. Seule, je suis seule. Et perdue. Même ma peur serait inutile. Le sable frémit d’impatience devant nos noces prochaines.
XLII
Amour, Amant, Aimé, seul Dieu peut être tout cela à la fois. Hérétique obstinée, je t’ai divinisé pour mieux t’aimer. Mais Lui seul est en nous comme nous sommes en Lui. Quand je t’aimais, c’est Dieu que j’honorais et que je trouvais. C’est toi que je perds. C’est moi qui meurt. Toi, qui es-tu?
XLIII
Etres définis, heureux mortels, comme toi. Le silence, c’est toi, comme l’absence, comme le vide vertigineux. Tu n’as été que cela et j’ai monologué sur un chemin jalonné de symboles. Ai-je un jour entendu ta voix ? Je ne le crois plus. Un monologue, seul celui qui le poursuit peut y mettre fin. Ma fin de toi… Ma faim de toi… L’axe ensoleillé m’éblouit et me brûlent ses orbes salées. L’ombre me fait prendre la tangente.
XLIV
Ai-je besoin de ce Toi avaricieux ? Mon amour, c’est l’amour de l’amour. Donc, tu n’existes pas. Il ne faut plus que tu existes afin que cessent en moi ce hurlement et cette douleur qui me déchirent. Vais-je enfin m’enfanter ?
XLV
Silence de mort. Un doigt invisible vient d’écrire ton nom sur le sable. Je tremble car je hais les fantômes, ces êtres de mauvaise conscience, ces impostures de rêve. Oui, tu es une imposture, il ne faut plus que tu existes. Je ne sais plus ton nom que je gémissais sous tes caresses. Je me roule dans le sable pour effacer ta marque et ma douleur. Je vais dormir avec la lune.
XLVl
Il n’y a plus que Dieu en moi.
XLVII
Fallait-il vraiment que la douleur m’épure pour que Tu triomphes ? Ce moi broyé Te satisfait-il ? N’es-Tu donc jamais la joie du corps ? Je croyais le mien fait pour l’amour. Sa beauté, mes talents d’amoureuse, était-ce pour les détruire que Tu me les avais donnés ? Consumée, pétrifiée par la douleur et le jeûne, je ne puis que me rendre et m’abandonner à Ta volonté. Sois satisfait, ô Seigneur, j’ai perdu la force et le désir de lutter davantage.
XLVIII
Le poids du sable sur mon corps. Froid et lourd. Lui me revient en nostalgie m’écartelant sous ses membres, recouvrant par sa peau toute la mienne, mains et pieds joints, brûlants de notre fièvre ardente. Les coups sourds de nos coeurs… arcanes incompris. J’entends de nouveau dans mes oreilles les sons de ce furieux tambour que maintenant je reconnais : il dit le plus vieux chant du monde, celui de l’amour et de la mort.
XLIX
Le vent du désert effacera ma trace. Seules deux pierres diront à ceux qui passent, à ceux qui savent lire le langage du sable, qu’il y eut là deux mains tendres où la vie s’inscrivait pour un temps de brûlure, un sourire qui prolongeait l’enfance et des yeux qui promettaient le ciel aux païens… Vanité de la vie, je contemple ma tombe et prie pour le repos de celle que je fus.